La cité des pianistes

 

La cité, voilà un nom qui me paraissait étrange. Il réunissait une foule mais la séparait des autres.

Le piano, voilà un instrument follement étranger. Des notes noires et blanches comme pour dire que nous sommes d’un côté ou de l’autre de la rambarde. Souvent trois pédales cependant, presque pour signaler qu’il existe une demi-mesure.

Une population dépourvue de culture légitime.

 

Et un jour, alors que les lilas étaient morts, le germe d’une renaissance. Nourrir cette population, c’est tout ce que souhaitait ce germe. Alors il s’est faufilé, sans prétention, puis a conquis ce qu’il espérait. Des découvertes en cascades ponctuaient la conquête. Le piano devenait dès lors une arme séductrice qui aidait la foule à devenir cité. Quelques jeunes âmes venaient parcourir les rangées. Un groupe s’était constitué et formait la matière du germe. En désirant voir, parcourir inlassablement les sons que diffusait le piano, c’est bien des sentiments qu’il découvrait : des sentiments intrinsèques directement relié à la cité.

Il fallait entendre ce qui s’échappait de l’instrument: il était le ventriloque des âmes qui s’aventuraient à le toucher. Fécondes mélodies et émouvants sons s’y concentraient, presque sans l’accord des jeunes âmes. Il fallait exprimer et sortir ce qu’il y avait à éradiquer souvent. Le piano servait d’exutoire pour cracher toute la colère du microcosme.

Des notes froides venaient alors perler des endroits misérablement agencés. Mais elles leur offraient une certaine grandeur: enfin ils pouvaient être entendus. Dans leur traître condition de lieux délaissés, ces froides notes leur fournissaient un micro.

C’est encore ce que le germe désirait farouchement : donner parole à ces éléments de la cité.

 

Les lilas se relevaient doucement et volontairement. Il y avait matière à vivre; alors il fallait revenir et mûrir.

 

Tikidanke Sylla-  5 avril 2019

Elève de la cité des pianistes de 2010 à 2016

 

 

 

Les chaises

Lettre ouverte à mes élèves

 

 Le monde vous attend !

 Regardez ! Il y a de beaux fauteuils pour vous accueillir, des tabourets aussi, un peu trop hauts, un peu sommaires, de petites échelles où s’accrocher pendant les tempêtes, des canapés pour recevoir les confidences, des bancs pour abriter vos études .

 A vous de choisir !

 Réalisez vos rêves un à un, sans vous emballer, sans flamber,

 En riant, en souriant, en criant, en pleurant !

 Amassez de petits coussins pour vous soutenir, vous tenir droits, vous tenir chaud, combler les manques, combler les absences…

 Au cours de la vie, les places évoluent, le confort arrive puis disparaît, les rôles changent et à chaque fois, une nouvelle chaise se libère pour vous ; il y a toujours une possibilité à découvrir ou à inventer !

 Vous n’êtes pas en trop, vous êtes bel et bien attendus dans ce monde,

 Alors, foncez !

 

 Paule

 Pour mes élèves de la Cité des pianistes

 27 juin 2015

Contact

Paule Cornet

06 85 05 01 52